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Les racines des profondes tensions sociales et démocratiques qui traversent notre pays ont beaucoup à voir avec la crise du logement. Depuis les années 2000, les prix de l’immobilier pèsent de plus en plus lourd dans le budget des ménages, car ils progressent beaucoup plus vite que les revenus. Ils poussent les familles à s’installer toujours plus loin de leur travail, sans pouvoir choisir leur lieu de vie ou se sentir bien chez soi. Dans les situations les plus difficiles, cette absence de choix résidentiel génère de la résignation ou du ressentiment, dans la rue comme dans les urnes.
Le phénomène s’est encore accéléré, avec les coups portés contre le logement social par les gouvernements qui se sont succédé depuis 2017 : baisse des allocations logement, baisse des ressources des organismes HLM et hausse de la TVA sur la construction. Quand les bailleurs sociaux n’ont plus les moyens de répondre aux besoins, les prix du parc privé flambent et le mal-logement explose. Les délais pour accéder au logement social s’allongent dramatiquement et, en attendant leur tour, les Français louent des passoires thermiques qui absorbent plus de 40 % de leurs revenus. Voilà les effets de la spirale du marché, quand il n’est pas régulé.
La hausse des taux d’intérêt a agi comme un révélateur de la hausse structurelle des prix. Désormais, les nouvelles générations de ménages avec des salaires moyens ne peuvent plus envisager d’acheter sur le marché immobilier privé. A tous les niveaux, les parcours résidentiels sont bloqués. Nous sommes nombreux, élus locaux, acteurs publics ou privés, associations, à avoir tiré la sonnette d’alarme. Et nous avons proposé des solutions concrètes. Le logement est une affaire trop sérieuse pour être abandonné au marché.
Or, face à l’aggravation de la situation, les derniers gouvernements s’étaient tout juste résolus à opérer quelques ajustements. Dans sa déclaration de politique générale, le nouveau premier ministre ne s’est guère montré plus rassurant sur le logement social. Les mal-logés attendront. A peine de quoi colmater par ailleurs quelques brèches, principalement au détriment de mesures climatiques pourtant indispensables.
Dans un contexte d’explosion des prix de l’énergie, l’amélioration thermique des logements est un impératif. Tout comme la préservation de la biodiversité et des terres naturelles et agricoles. Le détricotage annoncé du volet zéro artificialisation nette de la loi Climat et résilience, annoncé par Michel Barnier, sonne à ce titre comme un nouveau renoncement écologique. Fin du monde, fin du mois, il faut le marteler : on ne résoudra pas la crise du logement par toujours plus d’irresponsabilité climatique.
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